Tout est prêt (52/2019)

Les bougies sont allumées,
les cadeaux poireautent sous le sapin,
les huîtres attendent dans leur jus,
les crabes se tiennent la pince,
les champignons champignonnent,
la bûche patiente dans sa crème,
il suffit de mettre la table,
un peu de blush,
et Noël peut commencer.

Petit oiseau (51/2019)

Petit oiseau frileux
Seul dans le grand ciel bleu
Redoutes-tu la neige et le vent ?
Rêves-tu du prochain printemps ?
Petit oiseau perdu
Dans l'immensité glacée
Te soucies-tu du futur
Et du passé,
Ou vis-tu l'instant
Comme si jamais
Ni hier ni demain
Ne devaient exister ?
Petit oiseau
Comment sais tu
Quel chemin suivre
Et quelle vie vivre ?
Dis-le moi.

Matins givrés (semaine 49)

J'aime les matins de givre,
lorsque chaque brindille,
chaque feuille,
soulignée de blanc
se balance au vent,
tel un bijou délicat,
créé pour un éphémère moment.
Pourquoi ce qui dure peu
nous paraît-il plus beau ?

A nouveau (semaine 48)

A nouveau les feuilles tombent
en tourbillon,
dévoilant jour après jour les arbres,
révélant leur forme brute,
leur silhouette nue,
comme des corps fragiles.
Ce dévoilement fascine et attriste,
car nous ne savons jamais
si nous les verrons à nouveau habillés
de vert.

Le temps des petites morts (semaine 47)

Voici le temps revenu
des dernières fois
et des petites morts.
Dernières fleurs,
dernières feuilles vivantes,
beignets de tomates vertes.
Voici revenu le temps
où l'on aimerait être comme le chat,
et se rouler en boule en attendant
des jours meilleurs.

Ma petite bibliothèque (semaine 46)

C'est une petite bibliothèque toute jolie,
qui invite les enfants à la lecture.
C'est un plaisir de les regarder
choisir, feuilleter, s'attarder,
à la recherche du vraiment beau livre,
celui qui va les accompagner une semaine.
Les enfants m'appellent "maîtresse",
et je suis enchantée par ce mot.

Premiers frémissements (Semaine 45)

La ville se prépare,
voici les premiers frémissements,
les chalets sont sortis,
la fête va commencer.
Le soleil est encore d'automne,
les chalets sont déjà d'hiver.

It was my life (semaine 44)

It was my life,
a long time.
La vue sur ce musée
a fait partie de ma vie,
pendant 25 ans.
Ma vie d'avant,
ma vie de jeune femme,
ma vie de mère,
ma vie vivante.
Aujourd'hui c'est juste un bâtiment,
et ma vie est autre.

La fin de l'été (semaine 43)

Qui croirait que ces fleurs sont d'octobre,
tant elles semblent en pleine floraison ?
Et pourtant il est déjà là, le poison,
qui bientôt éteindra leurs couleurs,
et laissera quelques tiges grêles et vides,
et lentement instillera dans nos veines
le froid glacial,
que nous chercherons à réchauffer.

Au fond du jardin (semaine 42)

Ils sont là, au fond du jardin,
arrivés on ne sait comment,
se prenant pour de vrais champignons,
prenant notre pauvre haie
pour une vraie forêt.
Petits champignons,
vous vous trompez d'endroit,
mais puisque c''est votre choix,
restez donc jusqu'aux premiers froids.

Penser printemps (semaine 41)

Fleurs d'automne,
qui refleuriront au printemps,
les pensées font la jonction
entre les deux saisons.
Fleurs si faciles
qu'on devrait les appeler "sans soucis"

Jeune mère (semaine 40)

Il était une fois une tout jeune mère,
avec deux bébés tout neufs,
et aussi une petite fille de trois an et demi,
et un petit garçon différent d'un an.
Elle a le sourire, la petite Gisèle,
de tout juste 27 ans,
mais elle pleure parfois de fatigue,
avec tous ces enfants,
et le linge, et la cuisine
et le petit qui ne grandit pas bien,
sans compter son métier d'institutrice.
Aujourd'hui Gisèle n'est plus,
depuis vingt ans,
et son petit Michou (à droite ou à gauche ?)
n'est plus non plus.
Beauté et cruauté des photos.

Time to leave (semaine 39)

Le moment est venu
il faut partir
de l'autre côté du pays
quitter l'océan,
le ciel de tous les bleus
l'horizon à l'infini
l'insouciance.
Il faut partir
et le cœur se serre
car personne ne sait.

Kerlouan forever (semaine 38)

Toujours
nous revenons là
sur cette plage
vers ces rochers
depuis la découverte
il y a exactement 30 ans
de cet endroit
d'éternelle beauté.

On a laissé le chat (semaine 37)

On a laissé le chat,
seul dans la maison,
avec la visite d'un cat-sitter,
des paquets de croquettes
et même des friandises
pour me faire pardonner.
Une fontaine à eau eût été judicieuse.
Non pour le chat,
mais pour atténuer ma culpabilité.
Mais on ne peut renoncer à l'océan pour un chat, si ?

Cruel Martin pêcheur (semaine 36)

Cruel martin pêcheur,
pris en flagrant délit
de crime sur poisson,
de sauvagerie piscicole.
Et vas-y que je te cogne,
allez que je t'assomme.
A sa décharge,
avaler un poisson qui bouge
n'est sans doute pas indiqué.

Petit bijou (semaine 35)

Bijou gracile
Bijou fragile
Tu ne dures
que quelques heures
quelques battements d'ailes,
un doux vrombissement.
un frémissement à peine.

Calme comme un dimanche (semaine 34)

Chaleur et calme
l'étang est tranquille,
rien ne bouge,
pas même  les libellules.
Sur les vitrines on lit
"rentrée"
et ici on est encore au cœur de l'été.

Comme avant (semaine 27)

C'est le pot de fin d'année,
pour la première fois
j'y viens en intruse,
en invitée  retraitée.
Je les connais tous,
mais de ce monde
je ne fais plus partie,
ma vie n'est plus là.
Je ne sais pas où elle est,
mais elle est ailleurs.

Un, deux trois, cigognes (semaine 26)

Quand trois cigognes vont au bois
la première va devant,
la deuxième suit la première,
la troisième vient la dernière,
quand trois cigognes vont au bois,
elles se posent là pour qu'on les voie.

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Autrefois (semaine 25)

Autrefois c'était mon collège,
l'endroit de tant d'émotions,
l'endroit de tant de rencontres.
Autrefois je travaillais là,
j'en étais parfois heureuse,
parfois non.
Autrefois j'avais vu sur ce jardin,
sur un bassin avec nénuphars,
avec aussi des ruches,
produisant le miel du couvent.
Autrefois
c'était une partie de ma vie.
Aujourd'hui c'est juste un jardin.

Les hérons (semaine 24)

Les hérons ont faim,
ils ouvrent grand leur bec,
ils attendent
que les parents reviennent du Leclerc des hérons,
qu'ils apportent de bonnes choses,
et un dessert s'il vous plaît.
Et tout cela sans carte bleue.

Fleurir l'été (semaine 23)

A nouveau l'envie me prend
de fleurir l'été,
de fleurir les jours,
de fleurir la vie.
Je choisis, je plante, j'arrose,
mais ensuite c'est la vie qui décide.
Nous ne pouvons pas
forcer la joie.

Marcher (semaine 22)

Marcher,
juste marcher,
avancer,
respirer,
regarder,
écouter,
observer.
Pas de Twitter,
pas de Wire,
pas de mails,
juste le ciel
et le vert des arbres.
Courte pause.

Mon ancien monde

Mes pas m'emmènent vers Schuman,
mon ancien monde,
mon monde de professeur de lycée,
objet d'une certaine fierté.
Le cœur se serre un peu,
ici c'était chez moi,
c'était mon quotidien,
ma source d'énergie,
ma fatigue aussi.
C'est fini,
j'y suis une intruse.

Rendez-vous avec l'inconscient (semaine 19)

J'ai rendez-vous avec mon inconscient,
mais sera-t-il là ?
Voudra-t-il s'exprimer ?
Voudra-t-il m'expliquer ?
J'ai rendez-vous avec moi-même,
on me dit de baisser les armes,
de faire tomber les murs,
mais ces murs me protègent,
je ne veux pas les casser.

Chère Oma (semaine 18)

Ma chère Oma,
Tu es dans mes pensées
pendant que j'étale la pâte,
que je la découpe,
que je la garnis
et j'en fais ces fameux Keple,
que nous venions manger chez toi,
sans réaliser alors
que tu avais travaillé deux heures
pour nous voir heureux
de ce repas simple.
Seule dans ma cuisine,
je pense à toi.
Tu vois, je ne t'oublie pas.

Schloss Favorite (semaine 16)

Journée étrange à l'étranger,
de l'autre côté du pont,
de l'autre côté du fleuve,
juste une ligne invisible à traverser
pour parler une autre langue,
avoir un autre regard, être ailleurs.

(Schloss Favorite à Rastatt)

Il revit (semaine 15)

Il revit, l'hortensia de Niederbronn,
ce cadeau pour une nouvelle vie,
cette plante que j'aime tant ailleurs,
et dont je craignais qu'elle ne veuille
pas fleurir ici.
Il revit et je prends cela
pour un bon signe.

La saison est ouverte (semaine 14)

Le chat déclare ouverte la saison d'été.
La table est sortie,
les chaises longues suivront,
le barbecue est à dépoussiérer,
la terrasse sera à nouveau peuplée,
venez si ça vous dit,
les hérissons seront bienvenus aussi.

Le temps des asperges (semaine 13)

Les voici de retour
ces asperges symboles de printemps,
qui surgissent soudain de la terre,
pour signifier
que la page d' l'hiver est tournée.
Les voici
qui facilitent les menus
du samedi et du dimanche,
amies des cuisinières sans idées.

Es wird wieder Licht (semaine 12)

Voilà que la lumière revient,
que le moindre arbre se pare
de couleurs et de vert tendre.
Voilà que l'espoir renaît,
d'un temps plus doux au corps
et à l'âme.

Une barque nommée Victoire (semaine 11)

Dans une forêt grise et touffue,
dans un enchevêtrement de branches,
sous un ciel gris et morne,
soudain surgit une barque
en pleine lumière.
Elle est nommée Victoire,
est-ce un hasard ?

Les chemises du fils (semaine 10)

Longtemps j'ai repassé les chemises
de mon fils bien-aimé,
comme ma grand-mère avant moi,
celles de mon père Alfred,
comme ma mère avant moi,
celles de mon frère Ernest.
Le plaisir d'une belle pile
plaisir d'une belle pile
sans faux plis,
sans faux sentiments.
Le plaisir de faire plaisir.
Cette période est révolue,
mon fils n'a plus besoin de moi,
il faut donner d'autres preuves
 d'amour.

Café à Lilia (semaine 9)

Lilia, ce nom m'enchante,
il contient tant de douceur,
de lumière et de joie qui danse.
Lilia, cette impression
d'être arrivée au bon endroit,
la où la vie est enfin la vie,
une vie vivante.

Le crocodile de la Moder (semaine 7)

Un crocodile paisible séjournait dans l'eau
de la Moder à Haguenau.
Il regardait passer les retraités,
les jeunes mères à poussettes,
et les ados prêts à la fumette.
Le crocodile depuis longtemps
échoué passait ses journées à regarder
la vie qui va, le temps qui s'écoule,
comme les brindilles au fil de l'eau.

à regarder passer les

Promesse (semaine 6)

Les arbres se dressent encore nus
sur un ciel où traîne un reste d'hiver,
mais déjà l'air contient une promesse
de nouvelle ivresse,
une promesse de printemps,
de fleurs et de chants d'oiseaux.

L'année dernière (semaine 5)

L'année dernière,
il y a si peu de temps,
il y a si longtemps,
j'étais encore professeur d'allemand,
toujours en manque de temps,
toujours en trop de stress,
je me faisais des listes de tâches,
à respecter coûte que coûte,
je pensais secondes, premières, bac blanc,
je pensais qu'il devait être bon d'arrêter.
Aujourd'hui j'y repense avec nostalgie.

Enfin la neige ! (Semaine 4)

Comme des enfants
on ouvre les volets le matin,
avertis par une lumière différente,
et un silence cotonneux.
Comme des enfants
l'envie nous prend
de fouler cette masse froide,
d'y laisser des traces,
voire de s'y laisser tomber
de tout son long,
comme autrefois.

Les gens ordinaires (Semaine 3)

"L'extraordinaire
se trouve sur les chemin
des gens ordinaires".
Dédicace à ma petite mère,
à la fois ordinaire,
et pourtant peu ordinaire.

Après Noël (semaine 2)

On a jeté les papiers froissés,
rempli les poubelles d'emballages
et de coquilles d'huîtres.
On a fini les restes de gâteaux,
rangé les décorations.
On a enlevé le sapin tout sec,
et remballé les guirlandes.
La grande agitation de Noël et du Nouvel An
fait place au silence.
Et peut-être au doute.

Les fèves (Semaine 1)

Des années de galette des rois,
achetées ici et là,
chez Maxi Coop, Leclerc,
chez Thierry et Gautherot,
dégustées avec les voisins,
avec Colette et Roger,
avec nos enfants.
Elles étaient dans un petit pot
au fond d'une étagère,
je les ai sorties, classées et comptées.
Pour une occasion religieuse,
peu ont un motif religieux.
Beaucoup de personnages de dessins animés,
et même trois fois Titeuf, que vient-il faire là ?
Des animaux aussi,
et pour 1998 un footballeur.
30 ans de fèves,
30 ans passés si vite.