jeudi 24 décembre 2009

Joyeux Noël ?

Noël
forcément mélancolique
tant ce mot est chargé
d'attentes et d'espoirs déçus;
forcément nostalgique
tant les veillées de notre enfance
sont présentes et nous hantent.
Noël
reste ce moment
où l'enfant en nous espère
et l'adulte raisonne
et le conflit entre les deux
souvent nous rend malheureux.
Noël
n'est jamais joyeux.


Weihnachten
zwangsläufig melancholisch
denn in diesem Wort stecken
so viele Erwartungen
und enttäuschte Hoffnungen
Weihnachten
zwangsläufig wehmütig
denn die Weihnachtabende
unserer Kindheit sind in uns
und kommen an diesem Tag hoch.
Weihnachten
ist dieser Moment
in dem das Kind in uns hofft
und der Erwachsene in uns Vernunft bewahrt:
die Kluft zwischen beiden macht uns traurig.
Weihnachten ist nicht fröhlich !

(Photo VG)

mardi 22 décembre 2009

Chemin

"Peut-on savoir où l'on va
quand on vit au jour le jour
à la minute proche
sous le soleil du hasard ?"
(Photo de S.G., mots de J-P E.)

lundi 21 décembre 2009

Il a neigé

Hier il a neigé.
Joliment, doucement, longtemps
la neige est tombée
pendant que dans la cuisine en chantier
les bredle de Noël s'entassaient.
C'était beau, c'était bon
et les souvenirs des Noël d'autrefois
affleuraient à la mémoire
en vagues de douceur.
(Photo de ce jour, VG)

Gestern hat es geschneit
Lange und leise
ist der Schnee gefallen
während in der Küche
die Weihnachtsplätzchen sich häuften.
Es war schön, es war gut
und die Erinnerungen
an frühere Weihnachten
kamen ins Gedächtnis
in zärtlichen Fluten.

samedi 19 décembre 2009

Frimas


Voici revenu
le temps des frimas
des frisquets et des frissons
du froid mordant et grelottant
du givre et des glaçons.
Heureux celui qui peut
bien au chaud dans sa maison
regarder tomber les flocons.

(Photo du 19.12.09)

mercredi 25 novembre 2009

Décalage


Petit hérisson est décalé,
par la température s'est laissé abuser,
ne sait pas qu'il est l'heure pour lui
de chercher sous une haie un abri,
continue à folâtrer comme en plein été,
à faire bombance ci et là
en se vautrant dans la gamelle du chat.
Petit hérisson, il est temps pour toi
d'aller roupiller plusieurs mois.
Et sais-tu quoi ?
Nous t'envions pour cela parfois.
(photo du 23.11.09)

dimanche 22 novembre 2009

Souvenir

C'était notre cauchemar de CM1 / CM2.
Notre instituteur, formidable pédagogue de l'ancien temps, nous faisait faire un petit cahier sur notre village. Cela ne s'appelait pas encore "éducation civique" ou "éducation à la citoyenneté". Cela ne portait aucun titre, à mon souvenir.
Cela commençait par -je pense que tous les élèves passés dans cette école entre 1960 et 1985 s'en rappellent- "Le village de Lohr est blotti dans une verdoyante cuvette.
Il fallait illustrer ce cahier, en commençant par dessiner le blason ci-dessus. Les contours étaient faciles, le père donnait un coup de main pour l'arrondi. Mais ensuite venait ce fichu lion ! Et là, on tirait la langue, on gommait, on recommençait.
Pas d'internet pour trouver l'image, pas de copié /collé. Dans le meilleur des cas, on avait le dessin d'un autre élève et l'on appuyait très fort sur les contours en superposant deux feuilles.
Nos lions étaient en général un sujet d'hilarité. Nous les comparions en nous tenant les côtes.
Mais nous nous en souvenons tous !
Que reste-t-il de ces années ?
Maintenant lorsqu'il m'arrive de traverser le village, je crois reconnaître dans les gens qui ont mon âge leurs parents.
Lohr est toujours dans une cuvette.
Mais est-elle verdoyante ?

jeudi 19 novembre 2009

Les jours se figent


Les jours se figent
deviennent immobiles et lourds
décomposent lentement
l'humus de notre âme.
Les jours se figent
et de leur décomposition sourd
un poison qui doucement
empoisonne l'âme.

samedi 31 octobre 2009

Une barque

De l'eau, un ciel,
des feuilles, une barque
le regard s'arrête, s'attarde
sur cette composition fugace
organisée par le hasard.
Dernières flamboyances
d'une saison souvent détestée.

(Etang de Lischbach, 27 10/09)

mercredi 28 octobre 2009

Saison fragile

L'automne,
saison fragile
suspendue
entre celle de la plénitude
et celle du dénuement,
saison lumineuse et douce,
comme pour nous préparer
à tous les départs à venir,
à tous les renoncements.
Saison belle et brève,
avant l'entrée en grisaille.

(Photo du 27.10.09)



mercredi 30 septembre 2009

Il n'est plus

Il avait 19 ans.
Nous l'avions eu tout petit
nous l'avions regardé grandir,
s'épanouir,
prendre une belle prestance.
Il faisait partie de notre vie.
Je le regardais souvent,
fière de sa belle harmonie,
des couleurs magnifiques
de ses feuilles en étoiles.
Quand il a fallu l'enlever,
j'avoue que j'en ai pleuré.
Il n'en reste plus rien,
qu'un petit tas de sciure.
C'était un liquidambar,
coupé le 17 septembre.


dimanche 27 septembre 2009

Mi-été mi-automne


L'air est chaud comme en été
mais la lumière est celle de l'automne.
Les gens mangent en terrasse
flânent et s'attardent
chez le marchand de glaces,
mais au pied des arbres
déjà les feuilles mortes s'entassent
et les marrons,
nous signalent
qu'on se trompe de saison.
-à Strasbourg, ce 27.09.09-

jeudi 27 août 2009

Marcher


Marcher
se tenir debout
en équilibre et sans douleur
poser un pied devant l'autre
sans réfléchir
et avancer
tout simplement.
Ce n'est pas si simple !
(la photo est hélas de 2008)

lundi 24 août 2009

Créatrice de beauté

Savoir créer du beau
faire surgir de ses mains
des couleurs, des formes,
de la lumière
organiser tout cela dans un tableau
qui parle à nos yeux, à notre âme,
c'est le talent d'Iza.

Elle expose en ce moment à l'église de Rosheim.
Si vous n'en êtes pas trop loin,
offrez-vous le plaisir de sa lumière.
http://www.iza-emberger.com/

samedi 22 août 2009

Un dimanche à la campagne

Un dimanche à la campagne
les cousins sont venus :
l'espace d'un instant
la vie est suspendue
dans une parenthèse
douce et rieuse.
On raconte, on rit,
on goûte à la vie,
le Crémant pétille
et fait tourner la tête.
Demain est un autre jour,
et puis, on se reverra,
on se l'est dit.

(dimanche 16 août à Lohr)



mercredi 19 août 2009

Dankbarkeit

Ich wünsche dir den Engel der Dankbarkeit, der dich lehrt, richtig und bewusst zu denken.
Wenn du zu denken anfängst, kannst du dankbar erkennen, was dir in deinem Leben alles gegeben wurde.
Der Engel der Dankbarkeit möge dir die Augen öffnen, damit du andere so wahrnimmst, wie sie sind und sie als wertvoll und wichtig erkennst.
Du wirst dann auch dankbar sein können für deine Eltern, die die das Leben gegeben haben.
Du wirst nicht nur dankbar sein für die positiven Wurzeln, die du in deinen Eltern hast, sondern auch für die Wunden und Verletzungen, die du von ihnen bekommen hast.
Denn auch sie haben dich zu dem geformt, was du jetzt bist.
Ohne die Wunden wärest du vielleicht satt und unempfindlich geworden. Du würdest den Menschen neben dir in seiner Not übersehen.

-texte envoyé par ma mère- (photo faite ce 19 août depuis le restaurant du Wasigenstein)

Je te souhaite l'ange de la reconnaissance, qui t'enseigne à penser avec justesse et conscience. Si tu commences à penser, tu pourras distinguer avec reconnaissance tout ce qui t'a été donné par la vie. Que l'ange de la reconnaissance t'ouvre les yeux, afin que tu appréhendes les autres tels qu'ils sont, précieux et importants. Tu seras alors reconnaissant aussi pour tes parents, qui t'ont donné la vie. Tu seras reconnaissant non seulement pour les racines positives que tu as trouvées en eux, mais aussi pour les bleus et les blessures que tu as reçus d'eux. Car cela aussi t'a formé tel que tu es maintenant. Sans ces blessures, tu serais peut-être devenu satisfait et insensible. Tu ne verrais pas à côté de toi ceux qui sont dans la peine.

jeudi 13 août 2009

Un toujours dans le jamais

"Finalement, c'est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même. (...) Un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais.
Oui, c'est ça, un toujours dans le jamais. (...) Je traquerai désormais les toujours dans le jamais. La beauté dans ce monde."

Fin du livre "L'élégance du hérisson", de Muriel Barbery

Photo faite à Lutzelbourg, par le promeneur solitaire.

lundi 10 août 2009

Une porte


Une porte
ouverte sur le ciel
ouverte sur un ailleurs
qui attire et qui fascine.
Irrésistible envie
de monter vers la lumière
et de découvrir
le paysage de l'autre côté.
(Photo faite au Wasigenstein
par un promeneur solitaire)

dimanche 9 août 2009

Noces au village


Elle était belle, la mariée
insouciante et gaie,
un peu émue aussi;
il était touchant, le marié
se découvrant dans son nouveau rôle.
Plus d'une larme fut versée
dans cette petite église de campagne,
où personne n'était jamais allé.
La lumière était belle,
la petite chorale en voix
et les paroles du prêtre
simples et chaleureuses.
Il y avait dans l'air
quelque chose comme de la bonté.
Bonté, mot un peu vieillot,
et presque démodé.
(Photo faite à Pétersbach le 08/08/09)







vendredi 17 juillet 2009

Nature vivante


C'est juste un rien,
un objet banal,
une coupe en métal,
un article du rayon cuisine.
Et pourtant,
elle en a fait une nature morte
qui a l'air si vivante,
petite pyramide de fruits,
petite pyramide de vie.
Je m'arrête à la regarder
et je me dis
que c'est aussi ça la vie,
mettre un peu de beauté
dans une coupe de fruits.

samedi 4 juillet 2009

Quatre-vingt-dix ans


Il a 90 ans,
et aime regarder les oiseaux.
Sa famille s'est agrandie,
avec Héré, Toha, Mahon, Roméa,
prénoms des îles où nous n'irons pas.
Hossegor n'est plus que dans le souvenir,
mais à Lohr on est bien aussi,
et l'horizon y est presque infini.
Le regard se perd, au-delà des oiseaux,
les souvenirs affluent.
Parfois ils se mélangent,
car hier et aujourd'hui sont si proches.
Et quand il parle et raconte,
en s'égarant parfois
ne croyez pas qu'il soit
"complètement machiné", ce Roger !

Aujourd'hui, il a 90 ans,
il a fait ce qu'il a pu, il a servi, veillé,
sa tâche sur la terre, il ne l'a pas refusée,
il a vécu souriant, toujours plus adouci,
coeur fier qui du destin relève les défis.

-Pour l'anniversaire de mon père "adopté"-

lundi 29 juin 2009

Ria aurait 100 ans


Elle s'appelait Marie, mais on l'appelait Ria, dans son village.
Elle a fait le bonheur de mon enfance, le bonheur de mes vacances jusqu'à mes 14 ans.
Elle était garde-barrière, et les vacances chez elle furent longtemps rythmées par les trains, en particulier celui de 5 heures, qui la faisait se lever tôt, et qui me permettait de me rendormir avec délectation.
Je me souviens encore de l'odeur particulière de la salle de bain, chauffée avec des traverses de chemin de fer imprégnées d'un produit très odorant.
Cette femme qui avait été très peu à l'école, savait faire de jolies choses avec trois fois rien : elle savait cuisiner et coudre, racontait merveilleusement les histoires.
Avec un bout de tissu et un ruban, elle cousait en un rien de temps un vêtement pour ma poupée.
Lorsque je me levais le matin, ma poupée était tous les jours habillée nouvellement.
Quel enfant a connu pareille joie ?
Je mangeais peu, à son grand désespoir.
Aussi me préparait-elle des petits déjeuners avec des toats salés variés, présentés sur un tabouret, comme si miniaturiser la nourriture pouvait me faire manger.
Un jour, je me souviens, elle m'a emmenée chez son amie épicière, me disant de choisir ce que je voulais comme friandise. Je n'en voulus aucune, au grand dam des deux femmes.
Je rêvais d'une petite boîte de concentré de tomates, à manger avec les doigts, mais n'osais le dire.
La petite fille étrange que j'étais déconcertait beaucoup ma grand-mère.
Elle était si fière de mes bons résultats à l'école, mais n'a pas su que j'avais réussi le "concours" pour être institutrice. Elle est morte juste avant.
Elle reste liée dans ma mémoire aux purs moments de bonheur de mon enfance, mais aussi à la douleur de la séparation, car je ne la voyais que deux à trois fois dans l'année.
C'était ma grand-mère de Seltz, née le 29 juin 1909.

lundi 8 juin 2009

Fille et mère

Maman, mère, mama,
je ne sais quel mot choisir,
celui de mon enfance en alsacien,
celui tout doux des livres de lecture,
ou celui plus sévère des livres d'études,
parfois je dis simplement Colette,
mais je sais ma chance
de pouvoir l'appeler encore.
A mon tour je suis devenue
maman, mère,
mamouche et moumoute,
ces derniers temps "petite maman",
et je sais aussi cette chance.

mercredi 27 mai 2009

Le ciel est bleu


Le ciel est bleu, par-dessus les toits
le matin est frais et doux,
comme la brise du printemps,
rien ne s'agite,
sinon les branches et feuilles,
et je suis là, à me demander
où est passée cette année,
ce que j'en ai fait,
ce que j'ai vécu,
ce que j'ai manqué,
comment faire mieux,
comment vivre mieux,
comment vivre
comment.
-ce mercredi, 11heures-
(première ligne empruntée à Verlaine)





dimanche 17 mai 2009

Nuit de mai

Nuit de mai,
la ville bruit et rit,
le ciel par dessus
le Kammerzell
est bleu outremer,
la ville bruit et rit,
la ville vit
et moi aussi.




jeudi 7 mai 2009

Silouane


Il s'appelait Silouane.
C'était un enfant aussi singulier que son prénom.
Il a eu, durant sa courte de vie, plus de passions que bien des hommes dans leur vie entière.
Son regard était d'une étrange acuité.
Ceux qui l'ont croisé ne l'ont jamais oublié.
Il est mort de l'une de ses passions, la dernière.
Il aurait eu 15 ans aujourd'hui.
Que serait-il s'il avait vécu ?
Personne ne le sait.
Cette question restera en nous à jamais.
Il s'appelait Silouane.
C'était le fils d'une amie.

mardi 28 avril 2009

Dame en rose

Vieille dame en rose
qui se pigmente et s'effrite
vieille dame fière et unique,
qui encore en impose,
vieille dame en rose,
nous les Alsaciens,
nous avons tous
dans notre coeur
un morceau de ta flèche
et parfois,
lorsque nous t'apercevons de loin
les yeux qui piquent.


"Alle Elsässer haben ein Stück
Münsterzipfel in ihrem Herzen",
Germain Muller

(Sur le dessin de Wenger, Germain Muller, fondateur du "Barabli" -parapluie- )





dimanche 26 avril 2009

Dans le jardin de ma mère

Dans le jardin de ma mère
une cigogne claquète sans vergogne,
une oie se tient coite,
des grenouilles patouillent,
des lapins papotent,
et les oiseaux se balancent
au gré du vent.
Le jardin de ma mère
est un endroit charmant
où je ne viens pas assez souvent.

lundi 20 avril 2009

La vie l'attend



Dix-neuf ans, la vie l'attend.
Quelle vie ?
Une vie au milieu des livres,
c'est une presque certitude,
une vie à se poser des questions,
c'est d'une forte probabilité.
Une vie près de la mer,
ce serait son rêve.
Une vie près de la mienne,
ce serait le mien.

mardi 14 avril 2009

Village de mon enfance


Village de mon enfance
"blotti dans une verdoyante cuvette",
récitions-nous sagement,
après avoir dessiné tant bien que mal
le lion du blason.
Village de mon parler natal,
de cet alsacien pas très élégant,
que j'ai presque perdu,
remplacé par la langue noble
me servant de langue de travail.
Village de mes grands-parents,
grandes figures de mon enfance,
village de mon père disparu,
de ma mère si énergique et forte,
de mon petit frère vieillissant.
Village de mes souvenirs,
de petite-fille sage et angoissée.




lundi 13 avril 2009

Cerisier en neige

Des grappes de fleurs blanches
drapent toutes les branches,
une neige douce et nacrée
couvre le cerisier.
Promesses de fruits,
promesses d'été,
promesses de lendemain.



dimanche 29 mars 2009

Reposer

Reposer, dit-on
pour l'éternité,
ci gît, dit-on,
de l'étrange verbe gésir,
"Friedhof", dit-on en allemand,
mettant en avant la paix.
L'homme aime à imaginer
que la mort est le repos, la paix,
afin de supporter l'insupportable sans doute.

Que René, le père de mon mari
et grand-père de mes enfants,
décédé le 21 mars 2009,
repose en paix.

(Photo : cimetière juif de Ettendorf)





lundi 2 mars 2009

Il y a plus de 2000 ans...



Il y a plus de 200 ans qu'ils montent sur la colline, au solstice de printemps.
Déjà du temps des Celtes, dit-on, ils montaient sur le "Schiewebärj" (la colline aux disques), ils y allumaient un grand feu dans lequel ils mettaient à rougeoyer un disque de hêtre au bout d'un bâton et venaient ensuite taper le disque sur l'une des grande pierres plates au-dessus du vallon, faisant s'envoler les disques enflammés dans des gerbes d'étincelles.
Plus de 2000 ans après, ils montent toujours sur la colline, avec des anoraks et des vestes polaires, sans oublier la lampe de poche, et refont les mêmes gestes.
Le chemin n'est pas balisé, pas éclairé. Pas de ticket d'entrée, pas de stand de souvenirs. Juste la fête païenne, sans fioritures, à l'état brut.
Je connais l'existence du Schieweschlawe d'Offwiller depuis trente ans, mais n'y étais jamais allée.
Il ne faut pas avoir fait de doctes études pour comprendre que les Celtes invoquaient ainsi le soleil, saluaient sa réapparition, le renouveau de la vie.
Hier, pour la première et probablement seule fois de ma vie, je suis montée sur la colline pour chasser l'hiver.
Bien sûr, il aurait fallu faire partie du village, pour en profiter vraiment.
Saluer ses voisins, constater que les petits avaient bien grandi durant l'hiver.
S'asseoir là, à proximité du feu, et regarder la jeunesse habile envoyer les disques dans la nuit.
Bien sûr, ç'aurait été mieux.
Malgré tout, ce rite si ancien dans sa version non retouchée, a quelque chose de magique.


dimanche 15 février 2009

Soudain le soleil


On avance dans la grisaille
depuis des semaines et des mois,
on s’est habitué, on s’est résigné,
on avance parce qu’il faut avancer,

le coeur borgne,
butant sur le rien des jours.
Et soudain, un matin, le soleil,
au coin de la rue,
soudain les fleurs,
comme un présage
comme un avant-goût,
comme une promesse.
Soudain le soleil.


-Photo du 11.02.09-Merci à "anonyme" pour l'emprunt.

dimanche 18 janvier 2009

Coeur de cristal

Le givre a joliment enrobé
toutes les branches et les rosiers,
déposant une fine couche de cristal
autour des roses fânées.
L'une d'elle s'est transformée
en coeur cristallisé,
délicat et fragile,
que l'on pourrait briser
d'un geste, d'un souffle,
comme tous les coeurs.

(Photo du 12.01.09)


jeudi 15 janvier 2009

Une tasse de thé

Un plateau
qui parle de la mer,
des gâteaux
qui parlent de ma mère,
une théière
qui raconte le Jura,
un stylo,
parce qu'on est chez une étudiante,
une jolie lumière,
de la chaleur,
de l'amour
et une tasse de thé,
quelques éléments
pour un moment charmant.

lundi 12 janvier 2009

Cigogne en hiver

La cigogne se gèle les pattes,
même si le paysage l'épate :
d'accord, janvier est le mois du blanc,
mais en faut-il tant pour autant ?
Elle espère des jours meilleurs,
notre cigogne stoïque,
et son regard paraît rêveur :
faites que l'air se réchauffe,
telle est sa muette supplique !

(Photo de ce 12 janvier)

lundi 5 janvier 2009

Albert


Je suis dire, je suis soupir, plus rien ne m'inspire
Pourtant, rien qu'un brin de scintillement me ferait frémir
Y a rien à dire, personne ne m'aime, on m'évite, on m'ignore
La faune m'embête, la flore me snobe, méprise mon sort

Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit.

L'on ne m'aime pas, parce que je chante faux, c'est dégueulasse
Je ne chante pas plus faux que le corbeau qui lui croasse
Mais lui, il est beau, oh lui, il est fort, ce grand oiseau noir

Et moi je suis petit et noir et gris

Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit.


Photo du 5 janvier 08, chanson de Dick Annegarn

vendredi 2 janvier 2009

Disparition d'un "prince sans rire"


C'est la première fois que je perds un "ami du net".
Il faisait partie du petit monde du Café Philo, que je fréquente depuis quatre ans maintenant.
C'était l'un des "piliers", par sa présence régulière. Son écriture ronde brun clair était connue de tous, de même que ses "polom polom" qui soulignaient son ironie.
Nous échangions parfois quelques mots en privé : j'appréciais sa gentillesse, son regard amusé, son orthographe impeccable aussi (fils d'institutrice, quand même).
Il aimait les blagues, pouvait patiemment monter un gros bobard, avec la complicité de certains, dont je fus l'une ou l'autre fois.
Ainsi avait-il fait courir le bruit, en septembre 2007, qu'il avait commencé, lui aussi, un blog de copiés /collés, et qu'un jour, il le rendrait public.
Avec deux ou trois j'avais l'adresse de ce blog, et je savais qu'il ne contenait qu"un seul mot, relativement expressif. Pendant trois mois son plaisir fut de faire des allusions à ce blog, à son contenu sulfureux...Jusqu'au jour où il publia l'adresse dans le salon du Café Philo. Tout ce petit monde se précipita et tomba sur cet unique mot.
Tout le monde n'en sourit pas. Mais il y eut quand même beaucoup d'éclats de rire.
Au printemps, il distilla soigneusement quelques informations sur sa prochaine rencontre avec une nymphette. Bien sûr, quelques esprits mal intentionnés s'en donnèrent à coeur joie.
Les "amis" savaient qu'il attendait la sortie de couveuse de sa petite-fille, née prématurément, et il fut parfois difficile de ne rien en dire en lisant certaines réactions.
Ces derniers temps, il recommença avec un nouveau bobard, montrant à qui voulait la "maison de retraite" dans laquelle sa fille voulait le mettre. En réalité il s'agissait de la maison achetée par sa fille, dont il semblait immensément fier.
En début de semaine, je fus prévenue de son décès.
Etrange sentiment, d'avoir perdu quelqu'un de très familier, et que pourtant je n'avais jamais vu. Quelqu'un qui savait plus de ma vie que ma voisine, qui me regarde vivre depuis 20 ans.
Quelqu'un qui était loin physiquement, mais présent quasi quotidiennement dans ma vie "du net".
Et oui, aussi étrange que cela paraisse, j'ai le sentiment d'avoir perdu un ami.
Dans ce monde étrange de l"internet, monde entre réalité et irréalité, des traces de lui existent encore : ses cartes de visite (l'une avec un texte poignant), quelques mails conservés.
Malgré tout, ici aussi, le "jamais plus" est douloureux.

jeudi 1 janvier 2009

Givre de janvier

L'air est givré,
les arbres glacés,
la clôture soulignée,
les pavés quadrillés,
le temps figé.
Janvier vient de commencer.