dimanche 30 novembre 2008

Couronne de lumière



Couronne de lumière
avec ses quatre phares dans la nuit
quatre comme les quatre dimanches
quatre comme les quatre saisons
qui font la ronde
et tournent et tournent
inlassablement,
indéfiniment.
(Photo V.B.)

vendredi 28 novembre 2008

J'aime l'âne si doux


Ce houx dans mon jardin…
Un bout de poème me revient :
«J’aime l’âne si doux
Marchant le long des houx » :
Ces mots sont inscrits dans ma mémoire
Depuis bien des années,
Comme «quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?»
Pourquoi ceux-là,
Pourquoi sont-ils restés,
Quand tant d’autres choses se sont effacées ?
Mystères de la mémoire.
(Photo faite dans le jardin le 27.11.08)

jeudi 27 novembre 2008

Omas Küche


On était bien, dans ta cuisine, Oma.
On était bien, et on ne le savait pas, alors.
Elle n'était pas design, ta cuisine, elle n'était pas intégrée.
Dans le coin, un grand poële à bois, un vieux buffet, un évier blanc piqueté de taches d'usure.
Une porte, qui donnait à l'arrière.
Souvent l'on y frappait, et entrait la Lénel d'en bas, la Gretel d'à côté, Oma Bertha d'en-haut. Elles venaient demander un oeuf, un peu de farine pour terminer la pâte.
Ou alors, elles venaient juste bavarder, raconter ce qu'elles avaient entendu dire chez Monsieur Mey, l'épicier et gazette du village.
Les soirs de décembre, on y faisait des "Bredle".
J'étais souvent conviée. Je badigeonnais les Schwowebredle de jaune d'oeuf à peine citronné, et me régalais sans le savoir d'une atmosphère qui allait disparaître avec toi, Oma.
Aujourd'hui je fais moi aussi quelques bredle, par respect de la tradition.
Aussi peut-être pour me dire que je sais faire, moi aussi, ce que tu faisais si bien.
Personne n'entre par la porte de derrière, ni par celle de devant.
J'ai des nouvelles de mes amis par téléphone, mails et textos.
Hier, j'ai vu ta cuisine, en passant dans une rue : la même vieille balance, le récipient à sel de ton vieux buffet.
C'était la déco' d'une vitrine de magasin de vêtements pour enfants.
Ta cuisine est exposée au musée, Oma.
(Photo V.B.)

mercredi 26 novembre 2008

Je voudrais des oiseaux

Je voudrais des oiseaux
qui volent et qui pépient,
je voudrais de cet arbrisseau
faire un arbre de vie.
Las, les oiseaux passent au loin
déclinent l'invitation
je n'ai jamais compris ce dédain,
et tous les ans,
avec acharnement,
renouvelle mes propositions.
Qui sait, peut-être demain ?


mardi 25 novembre 2008

Une place en ville

Une place, en ville
des pavés, des bancs
et bien sûr des restaurants.
On passe la porte
et tout est beau,
confortable, charmant.
On commande, on attend,
on déguste, on s'attarde,
et plus tard on se souvient.
Vous souvenez-vous ?

(Photo V.B., Place du Marché Gayot, à Strasbourg)

lundi 24 novembre 2008

Roses givrées


Les dernières roses s'attardent,
elles veulent prolonger hier,
veulent qu'on les regarde
devenir des roses d'hiver,
des roses givrées :
citrons et oranges
le sont bien aussi.
(Photo faite hier au soir, il avait neigé)

dimanche 23 novembre 2008

Le temps des noisettes

Voici revenu le temps
de ressortir les boîtes en fer,
le tamiseur à farine,
les pinceaux de cuisine,
les emporte-pièces,
le rouleau à pâtisserie,
les amandes et noisettes,
les noix du noyer de Lohr,
de retrousser les manches
de mettre les mains dans la pâte,
et d'enfourner ces petites boules sentant Noël.

(Photo faite dans ma cuisine)


samedi 22 novembre 2008

Le temps du givre


Voici revenu le temps du givre
des frissons et des frimas,
le temps du chacun chez soi,
le temps du retour sur soi,
le temps de se pencher, de s'épancher,
peut-être de partager.
(Photo de ma fenêtre, ce matin)

jeudi 20 novembre 2008

Le printemps de l'automne

C'était en octobre
il y a juste un mois,
le printemps de l'automne,
lorsqu'on se dit qu'après tout
ce n'est pas si terrible,
ça va bien aller,
que même en automne
la lumière peut être belle.
Arrivés au gris de l'automne
ciel de traîne et brouillards givrants,
le coeur est moins léger.

mercredi 19 novembre 2008

C'est beau, une ville la nuit !


C'est beau, une ville la nuit
Ça donne envie de marcher, de vivre ,
un peu plus loin, un peu plus fort,
et de se blottir dans la tendresse
d'une main large et chaude,
qui sera là toujours dans la nuit.
Ta main.
(Photo faite à Strasbourg le 19.10.08, en revenant du théâtre)

mardi 18 novembre 2008

C'était en un autre siècle


Un jour
il est mort
et tout d'abord, sa mort fut un soulagement :
je n'aurais plus à avoir peur de le voir mourir.
Longtemps il a été dans mes cauchemars,
je ne pouvais rien faire pour lui.
Puis il s'est un peu éloigné,
mais il est toujours là, dans mes pensées,
dans mes paroles, dans les mots de mes enfants.
Mon père est mort le 18 novembre 1986,
en un autre siècle.
C'était un mardi.

(Photo faite à Strasbourg le 19.10.2008, en allant au théâtre)

lundi 17 novembre 2008

Au pays des merveilles


En cette période où les feuilles mortes jonchent le sol et nous rappellent l'effrayante entrée en hiver, j'aime à me souvenir des plaisirs enfuis.
L'un des plaisirs de cet été, fut la découverte de cette librairie, à Crozon, petit paradis pour ceux qui aiment comme moi, la papeterie et les livres.
Du parquet sur le sol, des livres bien rangés, des classiques mais aussi des livres originaux, et des stylos, du papier, des bristols.
J'y suis allée presque tous les jours, parfois juste pour un journal et le plaisir de regarder, respirer.
La mémoire est une petite usine à souvenirs.
(Photo V.B.: Crozon le 02.08.08)

samedi 15 novembre 2008

Comme cette barque

Juste une barque
toute banale
une barque de rien du tout
d’un bleu patiné
par le temps et les vents
que l’on ne regarde plus vraiment
ou pas souvent.
Et soudain, un passant,
s’arrête et voit
et la barque devient autre,
devient objet de ce regard.
Etre comme cette barque….
(Photo V.B. Crozon le 23.07.08)

mercredi 12 novembre 2008

L'écume des jours

Un nouveau blog.

Pour quoi faire, pour quoi dire ?

Pour dire, déjà.


Pour tenter de dire, parfois, souvent, ce qui a besoin d'être dit.

Sans support, l'envie de dire vient rarement.

Je me suis aperçue, au travers de mes blogs précédents, que le support conduit à s'exprimer.
J'aurais eu envie de nommer le blog "L'écume des jours", car c'est ce que j'aimerais faire : retenir de chaque jour l'écume des choses, ce qui reste lorsque tout s'efface.
Mais je n'ai pas voulu plagier Boris Vian, auteur magnifique de ma jeunesse.
Voici donc mes "clins de coeur". (Photo V.: Crozon 20.07.08)