lundi 30 novembre 2020

Du givre sur la vitre (49 / 2020)


Ce matin j'ai trouvé du givre sur la vitre,
une fine dentelle en cristal,
une frise diaphane et étoilée.
Pourquoi le givre, le gel et les frimas,
sont-ils tellement liés à l'enfance,
pourquoi font-ils surgir 
des images, non de froid,
mais de chaleur et de réconfort ?
Mystères de la mémoire 
et du souvenir.
 
 
 


samedi 28 novembre 2020

Y croire encore (48 / 2020)

 

Nous avons acheté le premier sapin
en mille neuf cent quatre-vingt-huit,
sapinou ridicule de jeunes propriétaires,
et puis aussi des décorations,
des guirlandes, lumineuses et colorées,
des boules en verre, des porte-bougies,
des anges, des étoiles, des grelots...
Les années ont passé, 
et on s'est un peu lassés,
mais parfois quand même
je m'arrête sur une étoile, un angelot,
et je crois encore un peu à Noël.


 

dimanche 22 novembre 2020

Il a gelé (semaine 47)

Il a gelé cette nuit.
Cette simple phrase
fait naître tant d'images.
Des images de frimas,
de feu de cheminée,
de chat roulé en boule,
d'enfants aux joues rougies, 
de bonnets à pompons,
de mitaines sur lesquelles on souffle.
Des images venant de loin,
de notre enfance,
d'un passé qui paraît tout près,
et qui est pourtant déjà si loin.
 


 

jeudi 12 novembre 2020

Ville sans Noël (46 / 2020)


Ma ville de Noël sans Noël,
ville éclairée, décorée, magnifiée,
mais désertée
pleine de lumières
mais vide d'êtres humains,
ville sous confinement
comme en temps de guerre
mais sans privations,
juste une condamnation
à la solitude
et à l'isolement.

 


lundi 2 novembre 2020

L'or est dans les arbres (45 /2020)

 

Soudain l'automne est arrivé
avec une pluie d'or 
qui s'est accrochée aux arbres
pour offrir cette merveille de contraste
avec le bleu du ciel.
L'automne nous surprend toujours
parce qu'il s'approche l'air de rien,
peut-être pour ne pas nous effrayer,
car cette petite mort 
nous parle trop de la nôtre.
 

 


jeudi 15 octobre 2020

Morne paysage (42 / 2020)

Nous voici de retour
dans ce morne paysage,
sans ciel et sans horizon,
sans vagues et sans écume,
sans algues et sans océan,
sans rien de ce qui fait 
le sel de la vie.
Nous voici de retour
dans notre quotidien sans couleurs,
qu'il faut essayer de colorier
avec des crayons très entamés.
 
 


 

vendredi 9 octobre 2020

Partir (41/2020)

Il faut repartir
Quitter ces terres lumineuses
À l'horizon bleu mer
Pour notre Alsace d'automne
Qui déjà se prépare
À une longue grisaille
Un gris qui enserre le coeur
Et réduit le souffle.
Reviendrons-nous ?
 

lundi 28 septembre 2020

L'éternité (40 / 2020)

Toujours
Depuis plus de trois décennies
Nous venons là
Fascinés par ces paysages.
Et nous avons beau savoir
L'impermanence des choses,
Ces rochers font croire
À l'éternité.

vendredi 25 septembre 2020

Chat abandonné (39 /2020)

Pauvre chat abandonné
Seul dans une maison inhabitée,
Attendant la visite de Roland
Deux fois par jour
Nourri, logé et même caressé,
Mais privé de cette présence humaine
Que pourtant il ne recherche guère.
Et moi, avec ma culpabilité.

 

vendredi 18 septembre 2020

Mon fils (38 / 2020)

Vingt-sept ans depuis ce moment
jusqu'à maintenant.
Vingt-sept ans de découvertes,
de surprises, de rires, 
de soucis aussi, parfois.
Te voilà devenu un homme
avec des opinions tranchées,
qui sait décider, organiser,
un homme qui a une compagne,
qui conduit,
qui paie des impôts,
qui s'éloigne de nous,
qui a de moins en moins besoin 
de ses parents.
C'est un bien, dit-on.
 


 

lundi 7 septembre 2020

Ma ville ( 37/2020)


Ma ville, mon chez-moi
depuis l'an 
mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatre,
ville choisie, adoptée, aimée,
ville à dimension humaine,
calme mais non mièvre.
Y finirai-je mes jours ?
 
 


mercredi 2 septembre 2020

Cherche zenitude (36 / 2020)

 
Toujours 
Inlassablement
Jour après jour
Je continue ma recherche
De zenitude
D'apaisement de l'âme
De maîtrise de l'angoisse
Devant le puits noir
Qui me paraît ouvert
Devant moi.
Cela passe aussi 
Par des petits riens,
Du blanc, des fleurs et des plantes,
Dont j'espère sans doute trop.
 
 

 

 

 


lundi 24 août 2020

Léopoldine (35 / 2020)

Léopoldine
à la cruelle destinée,
ton prénom a marqué
tant de lecteurs,
tant de poètes,
tant de romantiques.
Je n'y suis pas allée à l'aube,
à l'heure où blanchit la campagne,
j'ai piqué niqué dans l'herbe, 
là où tu vécus,
là où tu fus engloutie
pas les flots,
non loin de la tombe
tant visitée.
Pourquoi faut-il 
que les plus grandes histoires
soient tragiques ?
 

 

mercredi 19 août 2020

Le sens de l'essentiel (34/2020)

Se concentrer sur l'essentiel.
Le ciel, les arbres,
Les visages, les chats,
La bonté dans un regard,
Un verre de vin, 
Un moment suspendu.

(L'Essentiel est le nom du restaurant où nous avons mangé.)
 

lundi 20 juillet 2020

Noces de rubis (30 / 2020)


Trente-cinq ans,
plus de douze mille
et sept cents jours,
des jours intenses,
des jours hauts en couleurs,
des jours pastels,
des jours lumineux,
des jours gris,
quelques jours noirs, 
douze mille sept cent jours
de vie commune,
où sont-ils passés ?
Dans quel mon parallèle
ont-ils échoué ?
Si je pouvais en revivre un
ou deux ou dix,
lesquels choisirais-je ?
Et lesquels choisirais-tu ?

dimanche 19 juillet 2020

Le temps des confitures (29 / 2020)

Voici revenu le temps des confitures,
des parfums de fruits
qui enchantent la cuisine
comme aux temps jadis,
au temps des grands-mères.
Ria et Henriette,
vous qui saviez si bien faire,
me regardez-vous de là-haut,
en vous disant
que les grands-mères d'aujourd'hui
ont bien des tracas,
avec l'internet et les réseaux sociaux ?
Que diriez-vous de ma vie ?
La trouveriez-vous plus simple
ou bien plus compliquée que la vôtre ?

mercredi 8 juillet 2020

Jours d'été ordinaires (28/2020)

Jours d'été ordinaires
faits de langueur
de siestes et de lectures,
d'attente de la fraicheur du soir,
faits de fruits et de fleurs,
faits de nostalgie
de ce qui ne sera plus,
de jeux d'enfants,
de rires, de présence et de joie.

lundi 29 juin 2020

Biche apeurée (27 / 2020)

Biche apeurée
qui surgit des fourrés
à quoi penses-tu
en ce jour d'été ?
En veux-tu à celui
qui t'a dérangée,
sans autre justification
que de nous parler
de ta beauté ?
Biche apeurée
nous te prions
de nous excuser.

mercredi 24 juin 2020

Liquider le passé (26 / 2020)


Le moment est venu 
de liquider le passé,
de débarrasser les étagères,
de déchirer, de jeter,
d'enlever, de nettoyer,
toute une partie de vie,
mais aussi de soucis,
afin d'alléger aussi l'esprit,
de ce qui fut une charge
de plus de quarante ans.
 
 

lundi 15 juin 2020

L'affût (25 / 2020)


Voici l'affût du confinement
qui servit de refuge,
de havre de tranquillité
pour enfermement transgressé
au photographe marcheur.
Voici la forêt
qui durant tant d'heures
de tant de jours
accueillit le promeneur solitaire,
ivre de liberté,
qui choisit cet endroit
pour ses lectures,ses photos,
sa solitude et ses rêveries.

 


dimanche 14 juin 2020

Vrai dimanche (24/ 2020)

Un vrai dimanche, enfin,
un dimanche avec famille,
un dimanche avec nappe blanche,
un dimanche avec bavardages et rires,
un dimanche avec petits plats dans les grands,
un dimanche dont on se souviendra,
ils sont si rares.


 

mardi 2 juin 2020

Le monde d'avant (23 / 2020)


C'est le retour au monde d'avant,
d'avant cette période étrange
appelée confinement.
Premier geste de liberté,
aller prendre un café,
s'attabler, musarder,
humer la vie de la ville,
plaisir de citadin,
que l'on avait oublié.
 
 
(Photo de S, retouchée par un photographe)


 

mardi 26 mai 2020

Allée des fleurs (22 / 2020)


 

Je vous invite en ma demeure
derrière l'allée des fleurs,
vous trouverez la terrasse,
avec de quoi lire, paresser
et aussi vous sustenter.
Ah, vous ne pouvez venir 
en raison du confinement ?
Quel plaisir c'eut été
pourtant, de pouvoir bavarde !
On se voit en deux mille vingt-et un ?
Tant de jours encore,
pour vivre ou mourir.

 


lundi 18 mai 2020

Cigogne sans vergogne (21 / 2020)

Bel oiseau en rouge et noir
volatile scruté, admiré,
symbole de ma région,
tu ne laisses pas indifférent.
Partout où tu passes,
les yeux se lèvent,
les appareils photo crépitent,
les smartphones se déclenchent.
Pourtant, que fais-tu de plus
que le plus petit des oiseaux ?
Rien.
Tout tiendrait alors à la beauté ?



vendredi 15 mai 2020

Fleurs sauvages (20 / 2020)

Fleurs sauvages
qui se sont glissées
dans la haie Colette
Fleurs non attendues
non prévues
Fleurs surprises
qui pointent leur petite tête
histoire de montrer
que le pire n'est jamais sûr,
que la beauté peut surgir
inopinément.

mercredi 6 mai 2020

Vie à la campagne (19 /2020)

Ils sont partis à la campagne,
lieu inconnu et fabuleux,
proche de leur enfance.
Ils ont vécu avec les canards,
les moutons, les oiseaux,
dans le silence à peine troublé
par le bruit de la rivière.
Neuf semaines loin de Paris,
du bruit, des lumières,
du métro, de la Défense.
Une vie tout autre
pour une parenthèse étrange.

Pour F et N, confinés dans le Limousin
du 17 mars au 16 mai 2020

samedi 2 mai 2020

Le Havre, ville confinée (18 / 2020)

Cette ville est devenue la tienne.
Tu l'as adoptée comme un adopte
un chat sauvage,
sans conditions ni restrictions.
Tu en aimes l'horizon,
les restaurants de plage
et même l'architecture.
Tu l'aimes telle qu'elle est,
comme on devrait aimer toujours.

pour L. résidente au Havre depuis 2018.

samedi 25 avril 2020

L'appel des asperges (17 /2020)

L'appel des asperges était trop fort,
il m'a poussée pour la première fois
à entrer à nouveau au supermarché,
respirant avec précautions
sous mon masque,
imaginant le virus tapi partout,
m'écartant des autres clients,
me réfugiant à la caisse automatique.
Asperges et fraises,
plus fort que le coronavirus !

vendredi 17 avril 2020

Un anniversaire 2.0 (16 / 2020)

C'est un anniversaire étrange,
qui se fête par internet,
faute de pouvoir se réunir,
confinement oblige.
30 tweets sur Twitter,
30 textes sur Flickr,
un quizz en 12 questions,
un mail en 30 dates.
Pas de gâteau, pas de bougies,
pas de bises, pas de hugs.
Juste des pensées
et un peu de créativité.
Est-ce que cela aura suffi
à tout dire ?

jeudi 9 avril 2020

Se mettre au vert (15 / 2020)

Courir, respirer,
entendre la rivière
écouter les oiseaux,
voir s'ouvrir les fleurs,
caresser les moutons,
sauver des oisillons,
repeindre les volets,
dormir, rêver,
avoir du temps,
de l'espace, un ciel.
Confinement de luxe.

mercredi 1 avril 2020

Beauté fugitive (14 / 2020)

Beauté fugitive
que celle des fleurs,
beauté qui explose
d'un jour à l'autre,
fascine et éblouit,
avant de décliner.
Mais celle-ci
se transformera
en fruits d'été
à cueillir,à transformer, 
à garder, et à déguster
au cœur de l'hiver,
en souvenir d'un été
qui ne reviendra plus.
 

 

jeudi 26 mars 2020

Les oiseaux s'en fichent (13 / 2020)

Les oiseaux s'en fichent,
du confinement,
ils restent libres, eux,
ils n'habitent pas les petites maisons,
ne viennent que se servir
et narguer les chats.
Les oiseaux s'en fichent,
de notre manque d'espace,
de nos mille mètres comptés,
ils n'ont pas besoin d'attestation
pour faire valoir leur liberté.


 

dimanche 22 mars 2020

Mirabellier (12 / 2020)

 

Cher mirabellier 
planté dans l'euphorie
de nos jeunes années,
tu n'as jamais failli,
tu as toujours fleuri
et donné des fruits,
tant et plus, parfois trop.
J'hésite à te garder,
parce que le trop me fait peur,
parce que trop, c'est trop, 
et que je ploie sous la tâche,
en pleine chaleur.
Puis je te vois, si beau
tel un homme vieilli
mais toujours digne et généreux,
et je me dis que tu feras bien
une année de plus.
Sursis accordé.


 

 



 

vendredi 13 mars 2020

Beau temps pour confinement (11 / 2020)


Ce vendredi-là, je rentrai chez moi,
dubitative et en attente
des temps à venir.
La veille au soir, l'annonce du confinement
nous avait tous surpris,
et nous ne réalisions pas bien
comment allait être la vie dans les jours à venir.
Pourquoi ensuite, ces boules de pértales
m'ont-elles fait penser
au virus Covid-19 ?
 


jeudi 5 mars 2020

Sybarite (10 / 2020)

Être sybarite tel un chat,
savoir trouver d'instinct
l'endroit le plus chaud
le plus moelleux, le plus calme
où l'on sera bien. 
Être  sybarite et épicurien,
et vivre selon la devise
"carpe diem",
ce n'est pas donné à chacun.


 

jeudi 27 février 2020

Respirer (09/2020)


Respirer
l'air iodé 
et le sel de la vie
Arpenter
les sentiers côtiers
et ses souvenirs
Observer 
les bleus du ciel 
et ceux de son âme
Se perdre
Entre les rochers
Et son moi profond.
Se retrouver ?

(à Kerlouan avec L)

dimanche 23 février 2020

Mer démontée (08 / 2020)

L'océan est gris et bouillonnant
Il submerge la digue et vient
Déposer à nos pieds 
Des lames d'eau salée
L'océan est gris et dangereux,
Il n'a rien d'engageant,
Ne nous invite pas à nous attarder.
Il est comme ces personnes en colère
Qu'il faut aimer malgré elles,
En attendant que le calme revienne.

 
 

samedi 15 février 2020

Février (07/2020)

Février
Mois perdu entre l'hiver et le printemps,
Mois naguère amputé d'un jour
Afin qu'il passe plus vite
Et nous mène vers mars,
Mois du renouveau.
Février, 
tu mérites mieux qu'un passage rapide,
et ton nom sonne joliment,
faisant oublier ton étymologie
qui parle de purifications.
Février,
ton nom chante à mes oreilles.


 


samedi 8 février 2020

Chemins gelés (06 / 2020)

Chemins d'hiver, chemins gelés,
Chemins qui ne mènent que vers le gris,
le froid, la solitude glacée.
Chemins gelés, chemins d'hiver,
où est votre lumière ?

 


 

lundi 27 janvier 2020

Ma ville en gris (5/2020)

Ma ville de janvier,
figée dans le gris de l'hiver,
toute engourdie,
toute endormie,
toute recroquevillée
dans ce gris sans fin,
en attente d'un rayon
de lumière.


dimanche 26 janvier 2020

Solitaire (04/2020)


Petit oiseau du bout de la branche,
As-tu été repoussé 
Ou t'es-tu éloigné ?
Petit oiseau sur le fil
Vas-tu vers la solitude
Ou vers la liberté ?
As-tu choisi ta position
Ou te fut-elle imposée ?
Peut-être que la solitude
est le premier pas vers la liberté ?

dimanche 19 janvier 2020

Prémices (03/2020)



Prémices d'un temps à venir,
prémices d'un temps à bénir ?
Le bleu du ciel est promesses,
annonce du retour de la lumière,
cette lumière qui appelle la sève
à monter depuis la terre nourricière
jusque dans la moindre nervure
de la moindre feuille.
Prémices d'un temps meilleur ?

(Photo faute vers Wingersheim,
village où a grandi Alain Bashung)

dimanche 12 janvier 2020

Transparence (02/2020)

Comment est-il possible
de peindre la lumière ?
Comment est-il possible
avec de la peinture à l’huile
de créer la transparence ?
Comment est-il possible en 1644,
avec un pinceau et de la couleur,
de faire naître tant de beauté,
et que 376 ans plus tard,
nous nous en émerveillions ?

Ci-dessous: tableau de Sébastien Stoskopff

lundi 6 janvier 2020

Mon pauv' sapin (01/2020)

Mon pauvre sapin
Roi des déchetteries
J'ai tant aimé ta présence
Vingt jours durant.
Tu trônas chez nous,
Éclairé, magnifié, admiré.
Te voilà desséché
Dépouillé de tout attrait.
Bientôt tes branches
Odorantes en décembre
Feront une joyeuse
Et crépitante flambée.