lundi 29 juin 2009

Ria aurait 100 ans


Elle s'appelait Marie, mais on l'appelait Ria, dans son village.
Elle a fait le bonheur de mon enfance, le bonheur de mes vacances jusqu'à mes 14 ans.
Elle était garde-barrière, et les vacances chez elle furent longtemps rythmées par les trains, en particulier celui de 5 heures, qui la faisait se lever tôt, et qui me permettait de me rendormir avec délectation.
Je me souviens encore de l'odeur particulière de la salle de bain, chauffée avec des traverses de chemin de fer imprégnées d'un produit très odorant.
Cette femme qui avait été très peu à l'école, savait faire de jolies choses avec trois fois rien : elle savait cuisiner et coudre, racontait merveilleusement les histoires.
Avec un bout de tissu et un ruban, elle cousait en un rien de temps un vêtement pour ma poupée.
Lorsque je me levais le matin, ma poupée était tous les jours habillée nouvellement.
Quel enfant a connu pareille joie ?
Je mangeais peu, à son grand désespoir.
Aussi me préparait-elle des petits déjeuners avec des toats salés variés, présentés sur un tabouret, comme si miniaturiser la nourriture pouvait me faire manger.
Un jour, je me souviens, elle m'a emmenée chez son amie épicière, me disant de choisir ce que je voulais comme friandise. Je n'en voulus aucune, au grand dam des deux femmes.
Je rêvais d'une petite boîte de concentré de tomates, à manger avec les doigts, mais n'osais le dire.
La petite fille étrange que j'étais déconcertait beaucoup ma grand-mère.
Elle était si fière de mes bons résultats à l'école, mais n'a pas su que j'avais réussi le "concours" pour être institutrice. Elle est morte juste avant.
Elle reste liée dans ma mémoire aux purs moments de bonheur de mon enfance, mais aussi à la douleur de la séparation, car je ne la voyais que deux à trois fois dans l'année.
C'était ma grand-mère de Seltz, née le 29 juin 1909.

lundi 8 juin 2009

Fille et mère

Maman, mère, mama,
je ne sais quel mot choisir,
celui de mon enfance en alsacien,
celui tout doux des livres de lecture,
ou celui plus sévère des livres d'études,
parfois je dis simplement Colette,
mais je sais ma chance
de pouvoir l'appeler encore.
A mon tour je suis devenue
maman, mère,
mamouche et moumoute,
ces derniers temps "petite maman",
et je sais aussi cette chance.