La route qui m'éloigne (44 / 2022)

 

La route m'emmène loin de toi

loin de toi et de ta vie à petits pas

loin de toi qui m'oublies.

C'est la route d'un chez moi

qui n'est plus chez moi, 

une route qui mène encore chez toi,

toi qui ne m'attends pas, 

qui ne m'attends plus.

Je réalise combien les choses simples

sont parfois précieuses:

je voudrais juste que tu m'attendes 

quelquefois.

 

 

 

Mon Alsace Bossue (43/ 2022)

Au nord du nord
à l'est de l'est
elle est là, ignorée de tous,
verte et vallonnée, mais fruste.
Les villages sentent le labeur,
la rigueur, la pauvreté,
et la fibre n'y a rien changé.
J'y croise des gens d'autrefois,
ils sont fatigués et grisonnants,
ils ont pris la tête de leurs parents.
Je n'ai pas la nostalgie de cette région,
mais elle fait partie de moi,
que je le veuille ou non,
mon Alsace tellement bossue.

Sans elle (41 / 2022)

 

Pour la première fois

la maison de Lohr sans ma mère,

sans sa présence inquiète

sans sa mine soucieuse,

sans ses phobies:

les appareils électriques,

la poubelle,

le téléphone.

Un deuil de plus.

Elle ne reviendra plus ici,

sa présence va s’effacer

petit à petit, partout,

alors qu’elle est encore vivante,

mais ailleurs.

Sa présence va s’effacer, 

sauf dans ma mémoire.

 

Frères (39 / 2022)

 

Frère, 

ce mot magnifique

qui désigne un autre

avec qui on a grandi

avec qui on a appris

avec qui on s'est disputé

et réconcilié

mille fois.

Vous étiez deux frères

si semblables

si différents

si proches

sans explications

sans effusions.

L'autre

l'alter ego

n'est plus.

Et il manque.

 

30 septembre, jour de manque.

Pantoufles (38 / 2022)

Tu ne porteras plus jamais de talons aiguilles

qui laissaient des marques sur le parquet

du 67 de la rue principale de Lohr.

Tu ne mettras plus de bottes en caoutchouc

pour aller dans le jardin ou par les chemins.

Tu ne chausseras plus d'espadrilles basques

pour aller jusqu'à la plage d'Hossegor

et te baigner avec Roger.

Tu ne mettras plus de chaussures de dame

claquant sur le sol quand tu montes sur scène

pour diriger le carnaval des seniors.

Tu es entrée dans un autre âge

celui des pantoufles et du renoncement,

qui fait parfois place à la colère.

Comment t'en vouloir de cette colère ?

Tu as néanmoins réclamé des runnings

sans doute dans la volonté

de quitter ces fichues pantoufles

et de ne pas te résigner tout à fait.

 

 

Le bourdon (34 / 2022)

Bourdon qui bourdonne,

quelle est la courte vie ?

Tu n'es présent au monde

que durant 28 jours,

le temps d'une lunaison,

et pourtant tu accomplis

ce petit miracle de la pollinisation

sans lequel bien des fruits

ne seraient pas. 

Bourdon qui bourdonne

on a tort de te sous-estimer 

et de te croire nuisible.

Tu ne piques qui si on te bouscule,

comme bien des êtres vivants.

 

 

Neuenberg (32 /2022)

Neuenberg,

nom charmant d'un hôpital,

signifiant "nouvelle montagne".

Nouvelle montagne à gravir, 

pas à pas, 

vers un ailleurs encore inconnu,

un demain qui ne sera pas meilleur.

Le chemin vers ma mère (33 / 2022)

Arrêt sur le chemin vers ma mère,

trajet de 32 kilomètres

si souvent répété depuis le 6 août,

chemin qui me mène 

à travers champs et villages,

à travers souvenirs et nostalgie, 

à travers tristesse et sourire;

qui me mène à ma petite mère

qui ne m'attend pas,

qui n'attend plus rien,

qui n'espère plus rien.

Mais elle est encore là,

et même si elle ne m'attend pas, 

moi j'attends de la revoir,

encore quelque temps.

 

Printemps fragile (09/2022)

Printemps fragile

printemps timide,

la lumière change

la floraison s'annonce,

mais nous ne savons jamais

si la saison sera belle,

ni sur quoi elle débouchera.

L'été sera chaud,

très chaud, 

mais en ce début mars

nous ne le savons pas.

 

Écrit le 30 août

 

Thé à Lohr (08 / 2022)

Thé à Lohr, petit rituel,

avec les tasses grenouilles,

les serviettes assorties,

deux sachets pour trois,

le gâteau "oh la la c'est trop",

dans la cuisine sombre.

Petit rituel du dimanche,

que nous savions menacé,

sans connaître la date d'arrêt.

Aujourd'hui je la connais,

5 août 2022.

 

 

 

Quiétude ((07/2022)

C'est beau, 

la quiétude d'un chat qui dort,

sans hypnose ni sophrologie,

juste le sommeil profond,

le lâcher-prise total.

Difficile de résister à l'envie

de plonger dans le même sommeil.

 

 

Paysage avec horizon (06 / 2022)

 

Paysage idéal pour rêveries solitaires,

un chemin tracé, 

qui emmène on ne sait où,

les montagnes au loin,

le soleil au bon endroit.

Il manque une petite maison

avec la cheminée qui fume,

au loin, 

pour parfaire ce qui pourrait être

un dessin d'enfant.

 

 

 

Chandeleur (05 / 2022)

Voici revenu le temps des crêpes,

qui trônent sur les assiettes

telles des soleils,

symboles sans doute

du soleil qui peu à peu

chasse la nuit de l'hiver.

Hélas, il manque des gens

avec qui partager le soleil !

Clarté (04 / 2022)

Et soudain la lumière

par un froid jour d'hiver

incite à sortir,

à ouvrir les yeux

à regarder le ciel

et se réjouir 

d'être encore vivants.

Lohr (03 / 2022)

Lohr est devenu un nom triste,

synonyme de solitude,

de vieillesse, 

de jours sans fin ni joie,

d'attente d'un meilleur

qui ne vient pas,

qui ne viendra plus.

 

Great day (02 /2022)

 

Oyez oyez,

ils ont signé,

ils se sont engagés,

c'est écrit, c'est officiel

les Thizaix sont unis par un papier,

mais bien plus encore par leur vécu.

Que leur joie de vivre à deux

dure, dure....

 

Ma ville grise (01 /2022)

Ma ville grise de janvier

au ciel bas et plombé,

ma ville inhospitalière et froide,

ma ville qui incite à la fuite,

vers un endroit où l'horizon n'est pas fermé.