dimanche 19 décembre 2010

Es hat geschneit

"
"Es hat geschneit"
comme autrefois,
lorsqu'enfants
nous découvrions
un paysage transfiguré
Aujourd'hui le coeur est plus lourd
de tous les départs
et de toutes les mélancolies
mais l'espace d'un instant
notre coeur d'enfant se réjouit
presque comme avant.
 (Photo: parc de la gare, 17.12.2010)

jeudi 4 novembre 2010

Le coeur se serre

Pluie de feuilles.
Telles les pierres d'un collier défait,
elles se sont répandues
au pied de l'arbre.
Le coeur se serre,
devant cette beauté,
bientôt perdue.
(Photo du 2 novembre)



mercredi 3 novembre 2010

Wer jetzt kein Haus hat

Wer jetzt kein Haus hat, baut sich keines mehr.
Wer jetzt allein allein ist, wird es lange bleiben,
wird wachen, lesen, lange Briefe schreiben
und wird in den Alleen hin und her
unruhig wandern, wenn die Blätter treiben.
Celui qui n'a pas de maison maintenant, n'en construira plus.
Celui qui est seul maintenant, le restera longtemps,
veillera, lira, écrira de longues lettres
et, agité, parcourra les allées
lorsque les feuilles tourbillonneront
Rainer-Maria RILKE -"Herr es ist Zeit"
Photo :parc de la gare le 2 novembre.

mercredi 27 octobre 2010

Nous avons beau savoir

Dernières flamboyances
d'une saison effrayante
parce qu'elle porte en elle le mot "fin"
qui se lit sur chaque feuille tombée,
sur chaque arbre dénudé,
sur chaque fleur gelée.
Nous avons beau savoir
que la fin de toute chose
est inéluctable,
toujours nous redoutons
cette inéluctabilité.
(Photo du 26.10)

mercredi 19 mai 2010

Le salon de mes parents

Baba, mama,
j'ai retrouvé votre salon,
le salon de la maison de mon enfance :
le lampadaire avec branches flexibles,
la petite étagère à plantes vertes,
la table basse.
Les fauteuils étaient rouges,
alors que les nôtres étaient verts,
et il y avait la télé,
mais sinon c'était le même salon.
J'avait envie de m'y asseoir
et de vous y attendre,
revoir mon père jeune et beau,
sentant si bon,
avec sa veste en daim,
ma mère si fine et jolie,
avec ses talons aiguilles.
Vous n'êtes venus que dans mes pensées,
car ce salon est exposé dans un musée
à Berlin,
sous l'appellation "années 60".

dimanche 25 avril 2010

Douceur des jours


Douceur des jours d'avril
en avance sur celle du mois de mai.
La lumière tremble dans l'eau
comme je tremble en moi-même,
incertaine des jours à venir.
Je voudrais garder cette douceur,
la prolonger et m'en nourrir
lorsque la vie se fait dure.

mercredi 17 mars 2010

Printemps ?

Pourtant
que la nature est belle
comment peut-on s'imaginer
en voyant les cigognes déployer leurs ailes
que le printemps vient d'arriver ?
(Photo SG, 15 mars)

mercredi 3 mars 2010

Un arbre sur le ciel

J'ai toujours aimé les arbres
qui se dressent vers le ciel.
J'aime en particulier
leur silhouette épurée,
les branches qui dessinent
en filigrane sur le ciel
les
enchevêtrements de la vie.
(Photo du 1er mars 2010), VG)

dimanche 28 février 2010

Au détour du chemin


Parfois au détour du chemin
l'inattendu surgit
le coeur se réjouit.
Un arbre, le ciel,
les lignes d'un champ,
l'horizon tranquille
et là, soudain,
un cheval comme venu d'antan
d'une époque jamais vécue.
Parfois au détour du chemin
l'espace d'un instant, on est bien.
(Photo du 27.2.2010, SG)

dimanche 14 février 2010

Coeur gelé

L'hiver est là encore
qui nous gèle les mains et le coeur.
Rien qui perce la neige,
même pas un perce-neige,
fleur si forte et si fragile.
Le printemps nous fuit,
on le croit là, tout près,
et le voilà qui s'éloigne à nouveau.
Reviendra-t-il ?
(Photo SG)

(même cadrage que le 13/08/09
http://clinsdecoeur.blogspot.com/2009/08/un-toujours-dans-le-jamais.html

mercredi 3 février 2010

La vie est deuil

"Je venais d'apprendre cette nouvelle horrible que tout humain apprend un jour ou l'autre: ce que tu aimes, tu vas le perdre. "Ce qui t'a été donné, te sera repris": c'est ainsi que je me formulai le désastre qui allait être le leitmotiv de mon enfance, de mon adolescence et des péripéties subséquentes. "Ce qui t'a été donné, te sera repris": ta vie entière sera rythmée par le deuil. Deuil du pays bien-aimé, de la montagne, des fleurs, de Nishio-san et de la langue que tu lui parles. Et ce ne sera jamais que le premier deuil d'une série dont tu n'imagines pas la longueur. Deuil au sens fort, car tu ne récupéreras rien. (...)
Face à la découverte de cette spoliation future, il n'y a que deux attitudes possibles: soit on décide de ne pas s'attacher aux êtres et aux choses, afin de rendre l'amputation moins douloureuse; soit on décide au contraire, d'aimer d'autant plus les êtres et les choses, d'y mettre le paquet."
Extrait de "Métaphysique des tubes"- Amélie Nothomb

jeudi 14 janvier 2010

Le mois du blanc

"Blanc manteau",
écrivions-nous en CM2
l'image nous paraissant si juste.
"Blancheur immaculée",
avons-nous osé, un peu plus tard,
ignorant que le professeur
allait annoter cela avec "cliché".
Pourtant aujourd'hui encore
cette blancheur nous fascine,
nous donne envie de la fouler
pour y laisser nos traces
ou simplement de la regarder
avec la conscience que nous avons
des choses qui passent.
(Photo du 13.01.2010 VG)

dimanche 3 janvier 2010

12 bols à remplir


Douze bols pour douze mois :
de quoi allons-nous les remplir ?
Lequel sera notre préféré
une fois l'année passée ?
Lequel sera à garder,
lequel à jeter ?
Douze bols vides
comme promesses
d'agapes à venir.
(Bols de Iza Emberger, photo VG, août 2009)