Joyeux désordre (19/2025)

C'est du désordre, du bazar, du foutoir

oui, mais c'est aussi la vie. 

La vie, ce sont les jouets éparpillés

c'est Petit Ours Brun à côté du café,

ce sont les livres à côté du chocolat,

une table en verre avec des traces de doigts,

et des mugs par ci par là.

C'est le joyeux désordre que sèment

les enfants petits et la vie. 

 

La route est longue (18/29025)

Petit garçon très aimé

loin se trouve le haut de l'escalier

le chemin  est long

jusqu'à l'âge de raison

la route sinueuse

parfois pleine d'embûches.

Mais tu es entouré, encouragé,

tu as été attendu, aimé d'emblée,

je te souhaite que la route

te soit facilitée. 

 

 

Merci Colette (M)

 

Dernier souffle (16 / 2025)

Ce n'était pas un sommeil, ni une paix qui descend

Mais une bouche ouverte, luttant contre le vent 

Un souffle rare, râpeux, montait de ce silence

Comme un appel au monde lancé dans l'absence

 

Les yeux ne fuyaient pas, ils semblaient protester

Fixés sur un  ailleurs qu'ils refusaient d'aimer,

Et cette chair tendue, ce front resté combat,

Disaient que même la fin ne se donne pas.

 

La mort n'était pas douce, elle était affamée,

Et le corps, en sursaut, semblait la défier 

Et moi, là, témoin sans pouvoir ni secours ,

Je portais ce regard pour toujours. 

 

Une dernière fois (15 /2025)

C'était une dernière fois

en toute conscience

en toute souffrance.

Tu étais là, en face, 

derrière le volet fermé, 

ou plutôt une partie de toi

gisait là, dans ce lit médical,

l'essentiel de toi

était déjà ailleurs.

Je le savais, nous le savions.

C'était la fin d'une vie. 

 

Le vieux mirabellier (14 / 2025)

Il est toujours là 

le vieux mirabellier,

il a perdu quelques branches

au fil du temps 

mais pas sa superbe.

Il porte toujours des fruits

parfois beaucoup

parfois moins .

Tous les ans 

je lui accorde un sursis

depuis quelques années 

car je suis lasse 

de récolter six kilos de fruits

en peu de jours

lasse de la bouillie de mirabelles

au pied de l'arbre

et des guêpes qui tournent autour.

Sera-ce sa dernière année. ?

Pidou et les fenêtres (13/2025)

Tu as toujours aimé les fenêtres

dès tes premiers mois 

tu as regardé 

les arbres et le ciel

les feuilles qui bougent

les jeux de lumière

Tu as toujours aimé 

regarder au-dehors

comme s'il y avait un mystère

que toi seul pouvais voir. 

 

 

 

L'une des dernières fois (12 / 2025)

L'une des dernières fois

Où nous prenons la route vers toi

Dans une relative sérénité.

On nous a dit qu'il y a du mieux,

que la vie revenait peu à peu

Nous voulons y croire encore

ne pas devoir être forts.

Nous nous mentons un peu

pour supporter l'inéluctable.

Cette parenthèse en voiture

nous est devenue presque chère,

nous sommes contents d'être deux

de nous parler un peu. 

Hélas le mensonge est difficile

lorsque nous sommes près de toi.

Pourtant il reste un peu de vie,

une peu de femme en toi.

Tu me dis cette dernière phrase

d'une autre vie, où tout serait normal

"Tu as un beau sac à main"

(Dü hasch a scheeni Tasch)

Ce sera la dernière phrase

de ma vraie petite mère. 

  

 

Pidou a un an (11/ 2025)

 Déjà un an que tu es là

Dernier vrai dimanche (10 / 2025)

 Ce fut notre dernier vrai dimanche,

notre dernier véritable échange

Dans cet Ehpad de malheur

sans vie ni chaleur.

Nous étions presque gaies,

tu étais presque vivante,

dans ce bout de couloir

exposant une fausse convivialité.

Trois jours plus tard 

commencera la dégringolade

s'achevant le 14 avril.

Ainsi les photos parlent-elles

parfois malgré elles

de derniers moments

alors que nous en ignorons tout. 

 

 

Train vers l'est (9/2025)

Tout au bout des quais

Toujours tout au bout de tout

se trouve le train vers l'est

Vers mon chez moi

Vers Strasbourg et sa flèche

Vers la plaine d'Alsace

et vers cette région perdue

que l'on dit Bossue.

Tout au bout 

c'est chez moi. 

 

 

 

Tea time (07/2025)

Petit condensé de moments heureux:

le thé vient de Lilia, 

lieu devenu de nostalgie

le mug porte une photo de Belle-Ile,

autre lieu de bonheur éphémère,

le biberon atteste de la présence 

d'un garçonnet blond et rieur,

la théière rappelle celle de Colette

aux temps insoucieux

la lumière est celle de Rouen, 

dont on dit pourtant 

qu'elle en manque tant. 

Les moments heureux

sont comme des bonbons acidulés,

leur goût reste longtemps 

en nos mémoires.

 

 

Un autre monde (06/2025)

Il est à cinq minutes de la maison,

cet autre monde,

qui vit à son rythme,

selon ses règles, 

qui accueille et soigne,

mais isole et éloigne, 

le monde de l'hôpital.

Il exige le laisser-aller,

la résignation,

l'attente, la patience,

l'acceptation.

Les visiteurs sont des intrus

qui viennent et repartent, 

mais sont d'ailleurs. 

 

Un jour sans fin (05/2025)

Les jours se suivent

tous semblables

le lever, la toilette,

l'attente du repas 

puis la sieste

puis l'attente du repas,

puis l'attente de la nuit,

puis le lever, la toilette.

Parfois une visite,

mais je ne les comprends plus

ils parlent d'un monde

qui m'est devenu inconnu.

Je voudrais que ça s'arrête,

puisque ça n'a plus de sens.

Je ne sais même plus qui j'étais,

à peine qui je suis.

 

 

Dimanche lumineux (04/2025)

 

 

 

Soudain le soleil parut

ce dernier dimanche de janvier

comme pour nous réconforter

après ces longs mois de grisaille.

Du gris, il y en aura encore, 

nous ne sommes pas dupes,

mais prenons cette lumière

comme un avant goût 

de jours meilleurs.

Ma petite mère (03/2025)

 

 Ma petite mère (chanson)

Ma petite mère au regard perdu

Il y a longtemps que tu ne vis plus guère 

Ma petite mère dans un monde reclus

Les jours qui passent te désespèrent

 

Petit bout de femme pleine d’énergie

Tu as très longtemps su mener ta vie

Puis un vilain jour le fil s’est cassé

Et la vie en toi s’est arrêtée

 

C’est moi aujourd’hui, ma toute petite mère

Qui bien souvent te sers de repère

Tu ne sais plus ton âge, tout s’est figé

Mais tu sais encore parfois me gronder

Petite Colette qui aimait tant la vie

Te voilà enfermée dans ton esprit

Les jours qui passent sont autant de défaites

Tu aimerais tant que tout s’arrête

 

Ma petite mère qui ne sourit plus

Ton désarroi nous laisse éperdus

Paumés et tristes de te voir t’éloigner

Dans un monde dont nous n’avons pas la clé.

 

Sous la glace (02/2025)

 

 Janvier (chanson)

 

Balancées par le vent

des étoiles de lichen

tombées  sur le chemin 

bijoux amande pâle

 

Sous la glace la nature sommeille,

elle se prépare au réveil

soyons attentifs, ouvrons les yeux

les signes se voient en tous lieux

 

 Les verts triomphants des mousses

vibrent dans mes yeux

couvrent la terre rousse

ce jardins soyeux

 

Déjà les mésanges

S’inventent leur printemps

Petites flèches vives 

Empennées de joie

 

Les vieilles feuilles mortes

cachent les pousses tendres

attendons qu’elles sortent 

et balaient les cendres

 

Sous la glace la nature sommeille,

elle se prépare au réveil

Soyons patients, c'est pour bientôt

Le printemps se prépare incognito.

 

 (Texte en partie de mon amie de lycée, Elfriede)