vendredi 2 janvier 2009

Disparition d'un "prince sans rire"


C'est la première fois que je perds un "ami du net".
Il faisait partie du petit monde du Café Philo, que je fréquente depuis quatre ans maintenant.
C'était l'un des "piliers", par sa présence régulière. Son écriture ronde brun clair était connue de tous, de même que ses "polom polom" qui soulignaient son ironie.
Nous échangions parfois quelques mots en privé : j'appréciais sa gentillesse, son regard amusé, son orthographe impeccable aussi (fils d'institutrice, quand même).
Il aimait les blagues, pouvait patiemment monter un gros bobard, avec la complicité de certains, dont je fus l'une ou l'autre fois.
Ainsi avait-il fait courir le bruit, en septembre 2007, qu'il avait commencé, lui aussi, un blog de copiés /collés, et qu'un jour, il le rendrait public.
Avec deux ou trois j'avais l'adresse de ce blog, et je savais qu'il ne contenait qu"un seul mot, relativement expressif. Pendant trois mois son plaisir fut de faire des allusions à ce blog, à son contenu sulfureux...Jusqu'au jour où il publia l'adresse dans le salon du Café Philo. Tout ce petit monde se précipita et tomba sur cet unique mot.
Tout le monde n'en sourit pas. Mais il y eut quand même beaucoup d'éclats de rire.
Au printemps, il distilla soigneusement quelques informations sur sa prochaine rencontre avec une nymphette. Bien sûr, quelques esprits mal intentionnés s'en donnèrent à coeur joie.
Les "amis" savaient qu'il attendait la sortie de couveuse de sa petite-fille, née prématurément, et il fut parfois difficile de ne rien en dire en lisant certaines réactions.
Ces derniers temps, il recommença avec un nouveau bobard, montrant à qui voulait la "maison de retraite" dans laquelle sa fille voulait le mettre. En réalité il s'agissait de la maison achetée par sa fille, dont il semblait immensément fier.
En début de semaine, je fus prévenue de son décès.
Etrange sentiment, d'avoir perdu quelqu'un de très familier, et que pourtant je n'avais jamais vu. Quelqu'un qui savait plus de ma vie que ma voisine, qui me regarde vivre depuis 20 ans.
Quelqu'un qui était loin physiquement, mais présent quasi quotidiennement dans ma vie "du net".
Et oui, aussi étrange que cela paraisse, j'ai le sentiment d'avoir perdu un ami.
Dans ce monde étrange de l"internet, monde entre réalité et irréalité, des traces de lui existent encore : ses cartes de visite (l'une avec un texte poignant), quelques mails conservés.
Malgré tout, ici aussi, le "jamais plus" est douloureux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dehors,ici,là
par peur, ennui, rancune, envie, conformité,indifférence, haine, pudeur...
nous dissimulons nos regards sous d'uniformes gestes
nos gestes sous des d'anonymes et banales paroles
nos paroles sous des pensées soigneusement édulcorées
nos pensées sous des retenues,des distances abyssales
Mais qu'un seul ami, même
" virtuel " se mette définitivement au vert
et l'évidence surgit à découvert :
" ici" aussi le chagrin est tangible, sincère.

lady_en_balade a dit…

Qu'il s'agisse de la vie ou de la "toile", les émotions, les sentiments, les affinités ou inimitiés sont toujours réelles. Il n'y a pas de virtualité dans l'affectif ...